SAGNES François •

François Sagnes – Photographie Bogdan Konopka

François SAGNES

Photographe


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François Sagnes est né en France en 1952. Vit à Paris.
Études de Lettres classiques, puis d’Arts plastiques. A enseigné les arts plastiques, la photographie et le dessin.
Après des débuts par la gravure, pointe sèche et burin, il se consacre depuis 1977 à un travail centré sur la pratique de la photographie. La photographie étant choisie pour ce qu’elle contraint à faire face à la matérialité du corps des choses, tout en exigeant une transcription plastique avec un médium sans épaisseur.
A l’écart des questions “d’instants décisifs“ et de toute recherche d’une “vision subjective“ ou d’une “vision d’auteur “, quel face à face avec le réel la photographie permet-elle d’approfondir ? Afin de pouvoir dépasser tout rapport anecdotique au monde, les motifs sont choisis pour ce qu’ils concentrent d’une apparente fixité. Les modalités de prises de vues, essentiellement à la chambre photographique sur trépied, ainsi que celles du tirage des épreuves argentiques, sont celles du temps long de l’observation, de l’imprégnation, de la réflexion et de la mise en forme.
L’ensemble du travail peut être réparti sur deux registres principaux qui sont développés en parallèles :
– Des séries de photographies dans un face à face avec la matière minérale brute, la pesanteur et la lumière dans des carrières de marbre blanc de Carrare, de pierre grise en Belgique, de calcaire en Bourgogne, pour un travail ancré dans les problématiques du dessin, de la gravure et de la sculpture.
– Des séries de photographies de sculptures et de constructions sur des sites dans lesquels la pierre et la sculpture sont au centre du paysage (Égypte, île de Pâques, Pétra, monastère de Saint-Siméon le stylite en Syrie, Jardin de Bomarzo en Italie, sites de mégalithes au Laos, etc.) Chacune de ces séries s’applique à mettre en forme un regard sur la sculpture dans les espaces qu’elle habite et à les désencombrer d’un trop connu et d’un trop vu pour en revenir au plus élémentaire de la perception.

François Sagnes was born in France in 1952 and lives in Paris. He studied Literature, then Fine Arts. He has taught Art, photography and drawing.
After beginnings in engraving, he has been dedicating his work to the practice of photography since 1977. Photography is chosen for its constraints to face the materiality of the body of things, whilst requiring a plastic transcription with a two-dimensional medium.
Beside the questions of «the decisive moment» and of any search for a «subjective photography » or of an “auteur’s vision”, what collision with reality does photography allow to deepen?
In order to go beyond any anecdotic link to the world, subjects are selected for what they concentrate in apparent fixity. The shooting modes, essentially in a large-format view camera on tripod, as well as the processing of silver halide prints, are those of the long time of observation, of impregnation, reflexion and shaping.
The whole of the work can be split into two main registers, which are developed in parallel :
– Series of pictures in a face-to-face with the mineral raw material, gravity and light in quarries of white marble in Carrara (Italy), of grey stone in Belgium, of limestone in Burgundy, for a work that is embedded in the study of drawing, engraving and sculpture.
– Series of pictures of sculptures and buildings on sites where stone and sculpture are at the centre of the landscape (Egypt, Easter Island, Petra, monastery of Saint-Simeon the Stylite in Syria, Bomarzo gardens in Italy, sites of megaliths in Lao, etc…) Each of these series applies itself in shaping a look at sculpture in the spaces it inhabits; in de-cluttering such spaces from what is known or too often seen in order to return to what is most elementary in perception.

ÉDITIONS / PUBLICATIONS
Bomarzo ; 92 photographies de François Sagnes précédées d’un essai de Gilles Polizzi, éditions Créaphis, Paris, 2016 ; Ile de Pâques ; éditions Créaphis, Paris, 1988, (textes de José Garanger, François Sagnes, Jean-Pierre Nouhaud, Anne Delahaye) ; Die Osterinsel ; éditions Schirmer/Mosel, Munich, 1990, (texte de Hans-Jurgen Heinrichs.) ; Le Voyage immobile ; éditions Créaphis, Paris, 1989 (Texte de Jean-Luc Parent) ; Le Jardin du Rayol, éditions Marval, collection Littoral, Paris, 1992 (Texte de Gilles Clément).

PRINCIPALES SÉRIES DE PHOTOGRAPHIES / MAJOR PHOTOGRAPHY SERIES
Morphogenèses (2011 – 2012). Le Jardin de l’ombre (2008 – 2009). Marbres II (2005 – 2007). Marbres I (1990 – 2014). Mégalithes du haut-Laos, plaine des jarres et pierres dressées (2005 – 2008). Le Jardin de Bomarzo (1990 – 2004). Birmanie – Paris, autour de séances de dessin de Jean-Paul Huftier (1990 – 1993). Salins (1992). Le Jardin du Rayol (1991 – 1992). Qalaat Semân, (à Saint-Siméon le stylite), Syrie (1991). Petra (1991 – 1992). Egypte – blocs épars (1982 – 1991). Ile de Pâques (1984 – 1986).

COLLECTIONS PUBLIQUES / PUBLIC COLLECTIONS
Bibliothèque Nationale, Paris ; Société Française de Photographie, Paris ; Maison Européenne de la Photographie, Paris ; Fond National d’Art Contemporain, Paris ; Musée d’Art Moderne et Contemporain, Strasbourg ; Musée des Beaux-Arts, Nantes ; Musée Henri Martin, Cahors ; Conservatoire national du Littoral ; F.R.A.C. Basse-Normandie et Languedoc-Roussillon ; Artothèques de Strasbourg, Nantes, Caen, La Rochelle; Centre méditerranéen de la photographie, Bastia.

DERNIÈRES EXPOSITIONS / RECENT EXHIBITIONS
L’œil du collectionneur, Focus 2 ; Musée d’art moderne et contemporain, Strasbourg, 2016 – 2017. Jardin dévoilé de la base sous-marine ; Base sous-marine de Bordeaux, 2015. Marbres, Arrêt sur l’image galerie, Bordeaux, 2015 (Exposition personnelle/ Personal exhibition). Bordemer, une sélection de la collection photographique du Conservatoire du Littoral ; Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris- Val de Seine, Paris-photo, 2014. Seuils, Galerie In extremis, Strasbourg, 2012 (Exposition personnelle/Personal exhibition). Le Jardin de l’ombre, Arrêt sur l’image galerie, Bordeaux, 2011 (Exposition personnelle / Personal exhibition).

Notes de François Sagnes sur le travail photographique effectué à l’île de Pâques : C’est à l’occasion d’un séjour en Polynésie de 1983 à 1986 que je me suis rendu une première fois à l’île de Pâques, par curiosité. A l’origine de ce voyage, il y avait de multiples incitations sourdes : La statue de La Pérouse, les canons et les ancres rapportés de Vanikoro qui se trouvaient sur mon chemin de l’école dans ma jeunesse à Albi, des études avec Jean Laude sur la réception des arts primitifs aux débuts du 20e siècle, la lecture d’Alfred Métraux, l’engagement dans lequel j’étais déjà d’un travail en photographie dans des lieux habités par la sculpture, autant qu’une aversion profonde pour l’exploitation des dits “mystères de l’île de Pâques“ et des prétentions des “aventuriers “, etc. Dès les premiers moments, j’ai été saisi par l’écart immense qu’il y avait entre toutes les images dont notre imaginaire avait été rempli et la réalité que je voyais vivre sous mes yeux, les dimensions de l’espace et des sculptures dans leur espace, le paysage et la vie. Je me suis donc déterminé à mettre en forme un ensemble de photographies qui rende au plus juste la mesure de ce que je percevais. D’autant plus qu’à cette époque rien n’avait été fait comme publication sérieuse sur l’île de Pâques à l’exception des études d’Alfred Métraux et de Stéphane Chauvet, très pauvres toutes deux en images des lieux.
Une série de photographies a été nourrie de mes premières perceptions faites lors de ce séjour initial en juillet 1984, puis de plus longs séjours renouvelés pour construire et approfondir mon approche en 1984, 1985 et 1986.
Trente années après, ces images sont devenues des documents d’un lieu dont la vie et les espaces ont été totalement bouleversés par le devenir du monde.
Photographies réalisées à la chambre sur trépied. Non pas pour la virtuosité d’une haute définition, ni pour une soi-disant “objectivité“, ni pour une posture à l’imitation des premiers photographes voyageurs, mais pour ce que le lent travail photographique à la chambre oblige à s’arrêter, à prendre le temps de regarder et de penser avant de faire une image. Travail dans le temps et non captations d’instants.
Traitement en noir et blanc pour s’abstraire d’une couleur qui peut sembler faire plus effet de réel alors que, au contraire, elle peut tendre à voiler de fausses séductions le regard. Travail en noir et blanc qui me permet une réflexion sur l’image plus proche des problématiques du dessin et de la gravure, jusque dans les tirages que j’en réalise, pour chercher à atteindre l’essentiel.
Composition centrée sur l’horizon, à la hauteur de la ligne d’un océan qui fait partout repère. Cadrages au niveau de l’horizontale pour contrer tous les effets grandiloquents de contre-plongées.
Développement d’une série d’une centaine de photographies qui construise un tout, à parcourir dans le cheminement de la géographie des lieux.
Tirages de formats modestes qui invitent à une attention plus pénétrante de l’image et qui permettent de s’y laisser absorber quand les grands formats affichent et produisent des effets de surface.
Toutes rigueurs de construction pour rendre compte d’un temps sans date et laisser apparaître, sans mots ni artifices, les choses, les matières, les lumières, l’espace et le temps.
À l’écart des rêveries post-romantiques et des effets d’auteur, tentative d’approche du monde par une poétique qui tente de renouer avec des profondeurs dans lesquelles nous sommes enracinés.


Cet artiste à participé au 19PaulFort à :

> L’exposition « Pacific Touch – Un voyage aux îles lointaines » du 13 au 31 mars 2019
> L’exposition Le Jardin de Bomarzo du jeudi 4 mai au dimanche 21 mai 2017


Photos de l’exposition « Le Jardin de Bomarzo » :

F. Sagnes ; Bomarzo, La nymphe endormie.
F. Sagnes ; Bomarzo, Bocca dell’Inferno.
F. Sagnes. Pégase et la tortue.