Exposition – « Le Caire À la recherche de Gustave Le Gray », Michèle Maurin [du 6 au 30 nov. 2014] –

Le Caire. À la recherche de Gustave Le Gray

Michèle Maurin

Photographe

6 au 30 novembre 2014, de 16h à 21h

Avec la participation de Pierre Marc RICHARD, collectionneur et expert en photographie du 19e siècle.

En 2006 et 2008, Michèle Maurin fait deux séjours en Égypte, sur les traces de Gustave le Gray, pionnier de la photographie qui s’est établi au Caire en 1864. Après avoir participé à la mission héliographique dont l’enjeu consistait à constituer un inventaire photographique des monuments historiques français, Le Gray entreprend un voyage en Orient. Il rencontre Garibaldi à Palerme, passe par Malte et rejoint Alexandrie avant de s’installer en 1864 au Caire où il vivra vingt ans, jusqu’à sa mort.

Pourquoi cette fascination pour Le Gray ?
Le hasard d’un tirage. Michèle Maurin photographie un bord de mer, soumet l’épreuve à des virages successifs et retrouve, dans un flash, l’émotion que lui avait procurée la célèbre Vague de Gustave Le Gray. Cela suffit à motiver son envie de réexaminer ses techniques, d’aller sur ses brisées et de se confronter à sa mémoire. La photographe sillonne les rues du Caire, à la recherche des maisons et ateliers où le pionnier a vécu. Qu’en reste-t-il ? Elle a pu localiser son quartier, y pénétrer, s’en imprégner. Elle photographie la ville et ses habitants, les ruelles, les façades où se dressent une multitude d’antennes paraboliques, les terrasses couvertes d’herbes sauvages et de gravats. La vieille maison arabe que le Gray occupa rue Soq Al Zalat, dans le quartier d’El Gamaliya et Bâb el Khalq ; les bâtisses et jardins des  européens, dans le quartier d’El Ezbekiya et du Mousky ; celui de Ghamra, qui abrite encore la belle demeure d’Adolphe Linant de Bellefont, ingénieur du canal de Suez. Les bâtiments historiques – palais, fontaines, mosquées ou mausolées connus du photographe –, et, à côté, les façades délabrées d’immeubles de béton. Michèle Maurin propose, sans nostalgie, un constat, un état des lieux. Où qu’elle aille, elle ressent le besoin de suivre une route qui l’emporte dans une histoire. Elle dit qu’elle aurait aimé savoir peindre ses voyages : les bains chimiques se sont savamment substitués aux couleurs et aux outils du peintre.

Techniques de tirage Michèle Maurin a utilisé ses derniers négatifs noir et blanc polaroïd au grain très fin. Elle les a interprétés dans son laboratoire sur du papier baryté argentique noir et blanc, avec des procédés de virages aux métaux précieux qui lui sont propres. Or, sélénium, vanadium, cuivre, urane, magnifient les couleurs obtenues lors des interventions dans les bains successifs : ocres jaunes veloutés, bruns rouges ferreux, roses métalliques, gris bleutés miroitant la douceur des reflets d’argent. Par ce procédé, la photographe joue avec les contrastes et les effets de lumière, conférant minéralité ou sensualité, poésie et mystère à ses tirages.
L’exposition offre un cadre à ces images subtiles, singulières et contemporaines.

Repères biographiques
Michèle Maurin est née en Côte d’Ivoire. Elle vit à Paris. Professeur de biologie en Afrique de l’Ouest à ses débuts, elle animait parallèlement des ateliers photographiques. Installée en France depuis une vingtaine d’années, elle se consacre entièrement à la photographie, multipliant les recherches dans le domaine du tirage. Plusieurs expositions ont été organisées ces dernières années en France et à l’étranger.
Michèle Maurin a publié plusieurs livres inspirés de ses voyages en Afrique et en Amérique du sud. Elle enseigne à l’École des Gobelins à Paris.

Pierre Marc Richard, collectionneur et expert en photographie du 19e siècle, expose huit photographies des deux domiciles successifs de Gustave Le Gray au Caire – reproductions couleur d’après originaux : tirages albuminés d’après négatifs verre au collodion ou tirages papier salé d’après négatifs papier –, ainsi que cinq ou six reproductions de photographies inédites de Le Gray, ou à propos de Le Gray, datant de cette période.

L’orientalisme dans la photographie
Les Romantiques, multipliant les voyages et les écrits sur les pays du Bassin méditerranéen au début du 19e siècle, éveillent dans les esprits européens curieux, chez les peintres et les premiers photographes, des rêves où la lumière exalte l’image d’un monde idéalisé. Ces visions s’inscrivent dans une époque avide de conquêtes et de découvertes. Avec les nouveaux procédés qui permettent la reproduction, l’appareil photographique devient l’outil indispensable pour rendre compte d’un voyage à un public élargi, reproduire avec précision les vestiges millénaires, témoigner de modes de vie, nourrir l’imaginaire occidental. L’attrait du monde oriental persiste aujourd’hui ; il évolue avec l’histoire et se confronte aux réalités. Les rives sud de la Méditerranée exercent toujours une force d’attraction sur les européens qui continuent d’y chercher des sources d’inspiration et manifestent, davantage qu’hier, le besoin d’aller à la rencontre de ses populations.

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Photographies de l’exposition :