CHEVALLIER Florence –

Florence CHEVALLIER

Photographe

Née à Casablanca au Maroc en 1955 où elle vit jusqu’à l’âge de 10 ans, Florence Chevallier sort diplômée de l’Institut d’Études Théâtrales de l’Université Paris 3 en 1978. Elle commence à faire connaître son travail photographique en 1981, lors de l’exposition Autoportraits photographiques au Centre Pompidou.
Aux côtés de Jean-Claude Bélégou et d’Yves Trémorin, elle crée le groupe Noir Limite en 1986. Exacerbé par le noir de l’image photographique et la lumière, le corps humain, féminin comme masculin, s’incarne dans ses figures d’Eros et de Thanatos.En 1987, la série d’images intitulée Corps à corps, où elle met en scène l’acte sexuel et les parties les plus intimes de son corps, provoque l’indignation puis la censure à la Maison de la Culture de Bourges.En 1993, avec Le Bonheur, la photographe continue à se mettre en scène, et la lumière fait toujours l’objet d’un traitement particulier, en tant que partie constituante de la scénographie des images en couleur présentant des scènes emblématiques de la vie d’un couple. Son travail évolue toujours dans le sens de la recherche de soi, d’un questionnement sur l’existence ; elle finit par s’en abstraire physiquement, mais, paradoxalement, son implication personnelle n’en est que plus intense.En 2000, elle effectue un voyage sur sa terre natale : Casablanca 1955 montre des lieux parfois vidés de toute présence humaine, mais pleins d’une vie que l’on imagine.
La photographe a été lauréate du prix Niépce en 1998.

Son travail s’étend désormais au dessin et à la vidéo.
Florence Chevallier est actuellement professeure à l’École Nationale Supérieure de Bourges.

Marie Gautier

« La Haine est la doublure de la robe »  Strindberg.
Il s’agit de continuer les questionnements concernant ma propre psyché : chaque élément d’un parcours autobiographique est analysé par la photographie du corps animé dans la lumière et les miroirs  Corps Autoportraits 1980-1986 au  Corps à Corps Noir Limite 1987 et   La Mort, 1989  je fais l’expérience de révéler la part douloureuse de l’existence dans une lente remontée vers les origines. Origine de l’humanité Enchantements 1996-1999, regard sur la ville de naissance « 1955,Casablanca » ,2000 jusqu’au lieu intime de la conception , corps féminin métaphorisé par le vêtement entre douceur et violence, cassures, vie et deuil, métamorphoses humain/animal, êtres et fantômes enlacés. Caverne utérine où se jouent les premiers drames et les premiers conflits.

Florence Chevallier

L’insaisissable du corps
extrait du texte de Lucile Encrevé : L‘Œil tactile de la photographie in catalogue Les Fleurs, le Chien et les Pêcheurs, éditions Bernard Chauveau,Paris 2018
Florence Chevallier, l’œil tactile de la photographie
– « Le lien spécifique aux tissus est affirmé plus nettement depuis la série La Chambre invisible (2005) : l’artiste acquiert une quinzaine de manteaux, achetés d’occasion puis portés, pour les photographier ensuite posés sur un support invisible. Pris souvent retournés, ils ne sont plus identifiables, mer textile mousseuse ou rugueuse, sombre, transformée par la lumière – où, « entre l e devant donné et le dedans celé, ondoie rythmiquement une sorte d’interface, une fascinante vague, tout un monde de plis remuant le milieu1 […] ». La couleur de la doublure, les plis, la matière évoquent la présence d’un corps (genoux, ventre), d‘une peau après la mue, de l’intérieur du corps – le ventre maternel, un utérus, nous dit-elle2.
Et à la suite de La Chambre Invisible, dans Les Déchirés (2006-2007), Chevallier photographie sur un toit parisien un manteau qu’elle a ouvert et déchiré, présenté comme la peau d’une bête écorchée3. Dans cet ensemble, le textile suspendu, comme dépouille, fait écran en barrant presque entièrement l’espace mais ses trouées (et ses côtés) laissent voir un paysage urbain, laissent entrer l’œil, qui, par le textile, touche. Cet exercice de découpe est poursuivi avec Les Plaisirs : ici le rien devient seul sujet des images, non plus absence visible (l’image même) mais présence proposée à un œil tactile, nous réduisant au silence. »


Cette artiste a participé 19 rue Paul Fort à :

– L’exposition « En quête de l’insaisissable » du 25 septembre au 20 octobre 2019