Francis Bacon
ou
La Gloire d’un Insoumis
Pièce écrite par Antoine Merlino à partir de textes de Daniel Parson et Michaël Peppiatt
Conception/réalisation : Philippe Mercier
Les dialogues et les propos de tous les protagonistes dans la pièce ont été rédigés à partir de diverses interviews accordées par le peintre à des journalistes britanniques, américains et français, et sur les bases des longs entretiens qu’il a eus avec son ami l’essayiste et critique d’art David Sylvester ainsi qu’avec l’historien d’art et écrivain Michel Leiris.
« L’Art rend compte : c’est un reportage », Francis Bacon. « Ce spectacle tentera, non pas de « rendre hommage » au peintre , mais de le faire exister à travers des séquences réalistes, même si en art la réalité est quelque chose de profondément artificiel.C’est totalement et exclusivement l’homme Francis Bacon qui m’intéresse. Ainsi que ses rencontres, symbolisées en quatre personnages : John Deakin, photographe, et grand amateur des nuits alcoolisées de Francis Bacon à Soho ; Alberto Giacometti, qu’il admire profondément et devant lequel il renoncera à la sculpture ; Isabel Rawsthorne, tout à la fois intime et mondaine composée, généreuse, maternelle ; George Dyer, l’un de ses derniers amants, originaire de l’East End ».
Acteurs : Elodie Menant, Maxime Bailleul, Benjamin Zana
Musique : Bruno Mantovani
Piano : Hélène Fouquart
Régie générale : Roland Giromini
FRANCIS BACON par Antoine Merlino
Peintre singulier, l’un des plus célèbres et des plus énigmatiques du XXème siècle, Francis BACON connut une existence à la fois festive et tragique, traversée d’épisodes aventureux,de suicidés et de passions extrêmes.
Il était un homme lucidement désespéré, « un pessimiste-joyeux » selon la formule de Nietzsche. Il avait une conscience aigüe de l’absurdité de l’existence et de la futilité des entreprises humaines aussi bien que de la fragilité de l’être, dans ses névroses et dans sa chair. «
L’existence est tellement absurde qu’on peut aussi bien en faire quelque chose de grand ». « Le simple fait d’être né est une chose très féroce ». Voilà le genre d’aphorismes qu’il déclarait avec humour et dérision, mais aussi comme l’expression supérieure d’une vérité paradoxale et éphémère.
Né à Dublin le 28 octobre 1909 dans une famille de la bourgeoisie aisée, il eut une adolescence tourmentée, en conflit avec un père militaire sévère qui le faisait fouetter par ses domestiques et qui le mit à la porte de la demeure familiale à l’âge de 16 ans, lorsqu’il découvrit l’homosexualité de son fils.
Qu’il rende compte de la réalité, de nos illusions ou de nos rêves, l’art de Francis BACON a plus que tout autre pour fonction de nous sauver du chaos, d’un désastre annoncé auquel le commun des mortels se refuse à croire.
BACON rappelait volontiers qu’il n’avait jamais fréquenté d’Ecole d’Art et il insistait souvent sur son manque total d’éducation.
Il admirait notamment Rembrandt, Velasquez, Van Gogh, Monet, mais le seul qu’il considérait comme son maître était Picasso. Il détestait l’art abstrait et il affirmait avec un grand rire que, pour aimer la peinture abstraite, il fallait être « abstrait soi-même ».
Selon les témoignages de ses amis, tout ce que Bacon observait était immédiatement capturé et transformé par son regard aigu. Les photos de presse, les reproductions de tableaux, les livres de photographies comme celles de Muybridge sur la décomposition du mouvement humain ou les ouvrages médicaux sur les maladies de la bouche ou de la peau.
Dans son atelier où il entretenait précautionneusement un désordre phénoménal, il se servait de n’importe quoi pour peindre : des brosses de chiendent, des balayettes, des éponges de cuisine ; n’importe laquelle de ces choses dont, disait-il, les peintres se servent car « ils se sont toujours servi de tout » et il ajoutait ; « la peinture ne saisira le mystère de la réalité que si l’artiste ne sait pas comment faire ».
Peu avant la fin de sa vie, BACON affirmait aussi : « l’Art est devenu un jeu avec lequel l’homme se distrait et l’on aura beau dire qu’il en a toujours été ainsi, ce qu’il est de nos jours, c’est absolument un jeu … et cela va devenir de plus en plus difficile pour le peintre ».
Francis BACON est mort à Madrid le 28 avril 1992 à l’âge de 82 ans après avoir été hospitalisé durant une semaine à la suite d’une pneumonie aggravée par une crise d’asthme, affection dont il souffrait depuis son enfance.
Vous allez assister à la lecture de cette pièce intitulée « Francis BACON ou la gloire d’un insoumis ». Elle a été écrite à partir de documents, essais et biographies, notamment celles de Daniel FARSON et Michaël PEPPIATT.
Les dialogues et les propos de tous les protagonistes dans la pièce ont été rédigés à partir de diverses interviews accordées par le peintre à des journalistes britanniques, américains et français et sur la base des longs entretiens qu’il a eus avec son ami, l’essayiste et critique d’art David SYLVESTER ainsi qu’avec l’historien d’art et écrivain Michel LEIRIS.