Michèle Belin-Benhamou
Artiste-peintre laqueur
Née à Paris, diplômée de l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués de Paris où elle étudie le graphisme publicitaire et la technique de la laque avec Paul Cressent, puis la gravure‘’ eau forte’’ dans l’atelier de Lucien Coutaud à l’école des Beaux Arts de Paris.
Passionnée de nouvelles techniques d’arts appliqués, elle étend sa carrière professionnelle en France et crée des décors et costumes pour le théâtre, l’opéra et le cinéma, des modèles de broderies et tapisseries, des affiches de théâtre et des illustrations
De Paris à Tel Aviv… elle revient à sa première passion : la laque.
À Tel Aviv son inspiration théâtrale l’a conduite à étendre la maîtrise de cette technique au décor d’intérieur. Elle collabore avec des architectes et introduit la laque dans le mobilier et la décoration : tables habillées de faux drapés et de feuilles d’or, têtes de lit et tables de nuit recouvertes de feuilles d’argent oxydées, bar »Art -Déco » pour un collectionneur de cognacs, décors peints en trompe l’œil,colonnes de faux marbres, cabinet de toilette en lapis lazuli ….
Pour Michèle Belin-Benhamou, la laque occupe une place privilégiée. Cet art millénaire venu d’ Extrême Orient l’a toujours fascinée. Petite fille déjà, elle découvrait chez son grand père dans la malle aux trésors rapportée par le grand oncle amiral, celui- la même qui avait bourlingué de la mer de Chine aux rives du Mékong à la fin de l’ère Meiji, de fines tasses de porcelaine qu’elle destinait au thé de ses poupées, tandis qu’elle s’amusait des minuscules chaussures chinoises de soie brodée, des jetons de mah- jong qui s’échappaient de délicates boites en laque poudrées d’or et de nacre .
Michèle pratique l’art de la laque à la manière des anciens maîtres japonais; elle emprisonne l’or et l’argent dans des couches successives de laque qui au toucher contribuent à une perception très sensuelle des paysages qui émergent sous sa main. Les aventurines d’or et d’argent miroitent et deviennent déserts, montagnes et eau. Elle a toujours été fascinée par l’appel de l’Orient,son brassage de cultures jusqu’au baroque, ses multiples sagesses, ses déserts qui créent l’illusion de l’éternité. Michèle s’est toujours sentie attirée vers des espaces de méditation. En s’aventurant dans les sables du désert, elle éprouve le jeu des immensités, les béances de la roche sous un soleil qui atteint sa pleine puissance. Elle sait discerner dans l’apaisement du soir le moment fragile ou l’eau et le sable s’enlacent dans une improbable réconciliation.
En 1999 Elle expose au Japon et obtient le prix d’honneur du jury » The Kiyoshi Awazu Prize »à la triennale de laque d’Ishikawa où ses œuvres sont sélectionnées consécutivement en 2002 ,2005,
et 2009. avec l’acquisition d’une œuvre » Shimmering waters » par le »Ishikawa Design Center ».
À Paris expositions à la galerie Saphir (Paris -Dinard )2002 ,2006 »Bretagne d’artistes »
2007 : »Alliance » laque et raku à la galerie Arck (Paris) , Galerie George V (Jerusalem)
2009 : Elle présente »Du théâtre à la laque à » Institut Culturel Francais de Tel Aviv ».
Puis ce sera » Décoration pour un piano à queue Yamaha » dédié aux opéras de Mozart, Commande privée pour un collectionneur Suisse.
Elle réalisera par la suite » Décoration pour un piano droit, variations » sur le thème du »Carnaval à Venise » .Commande privée .
2014 : Exposition de groupe à Beijing »The Future of Now »InternationalYouth Design Exhibition.
Octobre 2014 :Invitée à animer une »Master Class » de laque pour les étudiants diplomés au »Beijing Institute of Fashion Technology ».
Elle poursuit ses recherches et prépare une série d’œuvres , notamment un bestiaire inattendu ou l’homme et l’animal se rencontreront.
L’Art des Laques » L’Art d’une matière et d’un métier »
La laque naturelle (Urushi en japonais) est inscrite dans les paysages de la Chine et du Japon. Elle provient de la sève d’un arbre qui pousse en Extrême Orient .Solidifiée à l’air ,la laque conserve des qualités vivantes, obstinée elle devient imperméable à l’eau, résistante à la chaleur et même aux acides .La permanence de la laque est nettement démontrée, des objets chinois enfouis dans la terre depuis 2000 ans sont restés d’une étonnante fraîcheur. Grâce à ses propriétés remarquables la laque servit d’abord à protéger des objets usuels tels que vaisselle,armes et armures ,masques et mobilier.
L’art de la laque évolua rapidement pour devenir un art prestigieux et raffiné.
Au 18eme siècle, la découverte de la route des Indes met en contact l’Europe et l’Asie. La Compagnie des Indes achemine de Chine et du Japon des objets laqués dont le raffinement va bientôt susciter l’engouement pour l’extrême Orient. Les ébénistes se mettent à incorporer des panneaux de laque authentique dans des commodes de leur fabrication. L’intérêt est tel pour la laque qu’en 1730, les frères Martin mettent au point leur célèbre vernis à base de copal qui restera une imitation de laque sans en posséder les qualités.
En 1900, lors de l’Exposition Universelle de Paris, Seizo Sugawara, maître laqueur, invité de la délégation japonaise, initie plusieurs artistes français notamment Eileen Gray la première »Designer » de meubles de laque de style moderne et Jean Dunand, l’un des principaux créateur du style »Art Déco » qui donne une dimension monumentale à l’art du laque et réalise de gigantesques colonnes et panneaux pour plusieurs paquebots dont le célèbre »Normandie ».
La laque naturelle devient difficile à importer. C’est aussi un produit dont l’emploi est toxique.
La chimie fait de nouveaux progrès ce qui permet aux jeunes laqueurs de l’entre-deux-guerres de tester des laques industrielles inventées pour l’industrie automobile.