GRAFF André (IKAT) –

André Graff (IKAT)

Collectionneur

Les tissages de Savu et Sumba (petite collection d’André Graff) sont mis en vente au profit de l’association ‘Sunda Islands Humankind Foundation’ (LKKS : Lembaga Kemanusiaan Kepulauan Sunda)…
Les pièces exposées sont autant de traces (achats ou dons) des quelques 42 puits et une dizaine d’installations de distribution d’eau (activées à l’énergie solaire) réalisées par l’alsacien André Graff qui a voué ses dernières 18 dernières années à un meilleur accès à l’eau de quelques dizaines de milliers de personnes dans les campagnes des îles de Savu et de Sumba.
Les résultats de la vente de ces « Ikats » contribueront au financement de la poursuite de ses travaux sur place (surtout) sous la forme de « séminaires de l’eau » mettant en présence des acteurs locaux ayant participé à quelques unes de ces installations avec des villageois(es) plus jeunes pour leur passer le relais de ses ‘savoir-faire’.
Aux dires d’André, il s’agit de « rapporter à César » ce qui vient de chez César !…
graffounet@gmail.com

IKAT

L’ikat de Sumba est souvent perçu comme le plus beau et le plus traditionnel des ikat. Il est caractérisé par des grands motifs figuratifs, aux couleurs vives, dues à des teintes naturelles. Ils peuvent représenter des personnages ou des animaux, stylisés et géométrisés, faits de méandres, courbes, spirales, et losanges. Les artisans indonésiens semblent s’être inspirés dès le XVIe et XVIIe siècles, des patola, étoffes originaires du Gujarat, situé en Inde. L’un des motifs propre au patola, un hexagone à l’intérieur duquel se trouve une étoile à quatre branches, a été introduit dans l’ikat de Sumba, et semble posséder des pouvoirs de protection

Motifs de mamuli (bijoux traditionnels en forme de sexe féminin), lézards, crocodiles (avec pattes), cavaliers,

Quand on évoque le textile en Indonésie, c’est le batik qui vient à l’esprit. Peu connaisse l’ikat voire l’apprécie. L’ikat n’a pas la finesse du batik, mais revêt cet aspect à la fois rêche et profondément mystérieux et magique qui caractérise l’île et ses habitants. La technique est basée sur une teinture par réserve non pas sur le tissu (c’est le cas du batik) mais sur les fils avant leur tissage. Les fils de chaine blancs sont fixés sur un cadre et noués avec du raphia autour des motifs qui devront rester blancs. Puis, ils sont trempés dans une teinture d’indigo pendant plusieurs heures et séchés afin que la couleur se fixe. Entre chaque teinture, les fils doivent être dénoués, séchés, remis sur cadre et renoués pour obtenir toutes les variations de couleurs désirées par la tisserande.  Ainsi, pour obtenir un bleu indigo profond, le procédé de teinture est répété huit fois. La teinture du rouge morinda qui provient d’écorce d’arbre est tout aussi complexe et longue car la couleur met un mois à se fixer. Quand les fils sont finalement teints, ils sont montés sur un métier puis tissés : six mois sont nécessaires pour réaliser un ikat et ce procédé ne peut se faire que durant la saison sèche.

Chaque pièce est unique et représente l’expression d’un artisan ou d’une communauté.
L’Ikat – du verbe indonésien mengikat, « lier, nouer » – est un mode de teinture à réserve ligaturée, très ancien et très sophistiqué. En teignant le fil, les parties qu’on veut préserver d’une certaine couleur, sont protégées par des ligatures végétales que l’on noue sur la chaîne. On plonge ensuite l’écheveau dans la teinture, puis on recommence le processus pour chaque autre teinte, avant de le replacer sur le métier à tisser à dossière. Plus il y a de couleurs, plus le travail est savant et contraignant. Par extension, le mot ikat désigne la pièce de tissu qui en résulte.


Cette personnalité a participé au 19PaulFort à :
L’exposition « Un souffle des îles » du 11 au 13 avril 2023 : > Lien vers l’exposition