Antichamber Music,
Autour de James Joyce
Vendredi 29 juillet 2016 à 20h
« C’est sur les routes d’Europe, alors qu’il errait avec sa femme Nora entre Dublin, Paris, Zurich, Trieste, et Rome, tandis que mûrissait en lui ce qui allait devenir son œuvre majeure et monstrueuse, son cosmos, son chaos, Ulysse, que James Joyce composa incidemment ces 36 « poèmes de jeunesse », comme on dit avec beaucoup trop de pudeur. Ils furent ensuite rassemblés, en 1907, mais dans un agencement différent de celui voulu par l’auteur, sous le titre Chamber Music. On sait que plusieurs poèmes de ce recueil, qui semble suivre l’ombre et la proie d’un amour se réalisant et se déréalisant, prenant corps et le perdant, dont la distillation va du stade spirituel au stade charnel, et finalement au stade fraternel, inspirèrent déjà Luciano Berio en 1953. Mais c’est sans doute la première fois que l’ensemble de ces pièces est pris en ligne de compte, dans un ordre ou dans un autre, qu’elles soient destinées à être dites, chantées, psalmodiées, lues même, laissant à une musique improvisée l’entière liberté de la forme et du fond, en regard, en abîme. » Alexandre Pierrepont, 2015
« L’intention première de ce projet a été pour moi, d’associer des voix, des timbres, qui s’emparent d’une partition imaginaire, suggérée parle fil conducteur d’un recueil de poèmes. Au départ, ayant un fort désir de violoncelle, et de clarinette, j’ai songé à Tomeka Reid. Puis la clarinette s’est peu à peu transformée en basson, et Katie Young s’est imposée à moi. Par ailleurs, j’avais envie depuis longtemps (20 ans!) de proposer à Benoît Delbecq une telle opportunité de jeu. Mon idée était a priori celle d’un piano pas seulement harmonique, mais textural, ou percussif, grâce aux possibles préparations de Benoît; bien que privilégiant un son acoustique, j’imagine aussi la possibilité de traitements électroniques du basson…
Mais c’est avant tout à chacun de proposer son histoire, de façon à ce que chaque instrument devienne un chant à part entière, simultanément soliste, initiateur ou suiveur, dépendant ou solitaire, selon le moment et l’action…» Claudia Solal
Adepte du piano préparé et des effets électroniques, Benoît Delbecq ne cesse depuis plus de vingt ans de traverser le champ jazzistique dans toute sa largeur: de l’improbable Institute for Artistic and Cultural Perception d’Alan Silva à son propre intenable collectif, Hask, de la fréquentation de Steve Lacy ou de Mal Waldron aux études suivies auprès de Steve Coleman ou de Muhal Richard Abrams, et jusqu’aux recherches menées avec les formations Kartet, Thôt, The Recyclers ouSilencers.
Katie Young est notamment l’auteur d’un enregistrement en solo de basson manipulé, modifié, magnifié, parmi les femmes émancipées désacralisant et resacralisant à leur seul désir les instruments les plus consacrés. Il estprévu que le quartette se scinde en sous ensembles (différents solos, duos, trios) pour jouer de toutes les densités possibles, de toutes les transparences aussi, telles les pièces mobiles, versatiles, métamorphiques d’un recueil de poèmes ou d’un échiquier de timbres.
Le reste, tout le reste, est imprévisible.
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