Baba Limousin
Artiste, restauratrice papier Japon, calligraphe
« La plupart des gens l’ignorent : les paravents d’Extrême-Orient recèlent dans les plus secrets de leurs plis les trésors d’une calligraphie spontanée et libre. Baba Limousin le sait, et ces trésors cachés sont devenus le matériau de son talent et de sa fantaisie. Formée dans une école d’art puis par un apprentissage chez un antiquaire, elle y a appris à restaurer la laque chinoise et japonaise et les paravents conçus entre le XVIIe et le XIXe siècle. C’est dans leurs matelassages qu’elle a découvert des papiers anciens calligraphiés, essais de lavis, traces de pinceaux, véritables graffitis à l’encre de Chine. Joignant à sa technique sans faille de restauratrice son instinct aigu de la couleur et la liberté de ses inspirations, elle a porté ces doublures sur le devant du châssis. Dans un geste qui respecte les techniques rigoureuses de la fabrication traditionnelle des paravents asiatiques – leurs charnières de papier, leurs structures délicates –, elle assemble ses trouvailles de papier pour donner naissance à des compositions et des récits inédits : la forme du kimono, qui s’ouvre et s’épanouit sous un nouveau jour, un rythme, une cadence, ou la silhouette à peine esquissée d’une feuille d’arbre… Des paravents contemporains aux décors figuratifs, ainsi que des toiles, qui laissent vibrer la nature flottante des papiers que Baba Limousin inscrit sur des fonds préparés, peints avec des pigments, et parfois rehaussés à la feuille d’argent ou à la feuille d’or. Des œuvres où les fleurs des paysages, les ombres des batailles dansent sur de nouveaux rythmes, cubistes, futuristes, e t où l’ancien et le moderne se croisent et se côtoient dans une harmonie profonde ». Lola GRUBER
♦ Baba et la passion des byöbu
Les artistes peignaient sur le papier à plat découpé en plusieurs panneaux qu’ils entouraient d’un galonnage de soie. Peinture à l’eau et couleurs fixées avec de la colle de daim, ces paravents servaient de portes coulissantes ou étaient posés devant un mur selon leur taille qui pouvait aller pour les plus grands jusqu’à 3,60 m de long et 1,70 de haut. « Les Japonais aimaient voir représenter les batailles de samouraïs, des fleurs, des paysages ou des geishas. Le Louvre vient d’acheter pour son musée d’Abu Dhabi, des paravents ornés de planisphères. En France, ceux qu’on trouve ont souvent été rapportés par des diplomates et leurs héritiers les font restaurer. Je fais maintenant aussi des collages en récupérant des vieux papiers japonais et, tout en conservant les techniques ancestrales, je réalise des paravents modernes aux décors figuratifs ».
Cette artiste a participé au 19 Paul Fort à :
> L’exposition « Autour du Japon, VI, suite »