Concert – Le pianiste Jeffrey Grice dans le cadre de l’exposition « Pacific touch » [28 mars 2019] –

Dans le cadre de l’exposition « Pacific touch »

Concert du pianiste Jeffrey Grice

28 mars 2019


Douglas
Lilburn : Sonatina no 2 (1962)
Lucien Johnson : To the sea (2007); 5 Addis Nocturnes (2017)
Jenny McLeod : 4 Tone-Clock Pieces (1993) ; Meditation on Psalm 134 (2005)
Jack Body : Sarajevo (1997)
John Psathas : Sleeper (2007)

Jeffrey propose une formule de récital, Between Two Worlds – À la croisée des continents – qui présente des compositeurs néo-zélandais contemporains, souvent inconnus du grand public, ainsi que des compositeurs d’autres époques. Le programme de cette soirée découle de cette même volonté de faire croiser des chemins de traverse.

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Les compositeurs néo-zélandais choisis par Jeffrey Grice :

Douglas Lilburn (1915-2001) : Sonatina n° 2 (1962)
Douglas Lilburn est né à Whanganui dans l’Ile du Nord. Après des études de journalisme et de musique à l’Université de Christchurch, il part en 1937 étudier la composition avec Ralph Vaughan Williams au Royal College of Music de Londres. De retour en Nouvelle-Zélande en 1940, il enseigne à mi-temps à partir de 1947 à l’Université de Victoria, Wellington où il gravit tous les échelons pour devenir professeur avec une chaire de musique en 1970. Il y fonde et dirige jusqu’en 1979 le premier studio de musique électronique d’Australasie et forme toute une génération de compositeurs. Lilburn a écrit pour toutes les formations depuis sa célèbre Aotearoa ouverture pour orchestre de 1940. Sa Sonatine de 1962 marque un tournant dans sa création pianistique par la transparence limpide de l’écriture.

Lucien Johnson : To the sea Shimmer-Scuttle-Still (2007) ; Addis Nocturnes (2017)
Le style musical du compositeur et saxophoniste Lucien Johnson se distingue par sa sa non adhésion aux formules existantes, voire sa défiance à toute catégorisation de genre. Bien qu’enraciné dans le free jazz des années 60 et 70, Johnson s’est forgé un chemin intuitif qui l’a conduit à investiguer plusieurs genres musicaux. Sa musique se nourrit de ses voyages et multiples rencontres à travers le monde. Résidant à Paris pendant ses années formatrices de 2003 à 2009, il a enregistré en trio avec Alan Silva (contrebasse) et Makoto Sato (percussion). En 2006, il part pour une tournée en Inde avec « Clowns sans frontières ». En 2009, il est à Port-au-Prince, Haïti, pour une adaptation théâtrale de La ferme des animaux de George Orwell incorporant des percussions vaudoues et des références historiques haïtiennes. En 2010, il forme le Shogun Orchestra en Nouvelle-Zélande, ensemble avec lequel il enregistre pour le label allemand Jakarta Records. En 2016, une recherche doctorale sur la musique Ethiopienne l’amène pendant deux mois à Addis Abeba où il donnera des concerts avec Mulatu Astatke, pointure de l’ethio-jazz qu’il invitera la même année au Festival Jazz de Wellington. De cette recherche vont sortir deux créations très différentes : Awesome Robots, de la musique électronique afro-futuriste, et Addis Nocturnes (2017) pour piano, écrits dans des gammes éthiopiennes, souvent pentatoniques, évoquent des états de rêve et de transe.
To the sea (2007) est un hymne à la mer en trois parties qui date de sa période parisienne. Shimmer évoque le scintillement de la lumière sur l’eau, Scuttle, des crabes détalant devant des prédateurs à marée basse, et Still, l’immensité de l’océan.

Jenny McLeod : 5 Tone-Clock Pieces: n° I, II, VI, V (1988-89) & XII: Meditation on Psalm 134 (2005)
Jenny McLeod est née à Wellington en 1941. En 1964, après son cursus à l’Université de Victoria avec Douglas Lilburn, Jenny McLeod passe deux années en Europe auprès de Messaien, Stockhausen et Berio. La création de Earth and Sky (1968) et Under the Sun (1971), ont été des événements majeurs dans l’histoire de la musique néo-zélandaise tant par leur dimension (1000 personnes pour Under the Sun dont 440 enfants, 4 orchestres, un groupe de rock et 2 chœurs d’adultes), leur pertinence locale (le mythe Maori de la création pour Earth and Sky) que par leur nature expérimentale. Jenny McLeod est la marraine de Lucien Johnson, mais elle a aussi inspiré des générations entières de jeunes kiwis musiciens. Sa rencontre dans les années 1980 avec le compositeur néerlandais Peter Schat et son système du « Tone-Clock » l’a amenée, après la mort de celui-ci, à traduire son livre en anglais et explorer la grande liberté expressive de ce procédé dans sa propre musique. Le Tone-Clock apparente les douze tons du système chromatique aux douze chiffres de l’horloge.

Jack Body (1944-2015) : Sarajevo (1997) ; En se souvenant…imparfaitement ; Totentanz Lachrymae
Les œuvres de Jack Body sont jouées dans le monde entier (Kronos Quartet, Scottish Chamber Orchestra…) Professeur de composition à l’université de Victoria à Wellington, il a créé le Asia Pacific Music Festival et mené de front un combat autant pour la musique contemporaine que pour la découverte des musiques du monde.
« Bien que je sache que mon « chez moi », l’endroit auquel j’appartiens, ne peut être que la Nouvelle-Zélande, je suis un voyageur invétéré, particulièrement dans des pays dont les cultures sont très différentes de la mienne… J’ai appris que toutes les valeurs sont relatives, qu’il n’y a pas d’absolus. Bien entendu, le vrai sens de ce que je vois, entends et éprouve, reste impénétrable. Mais à travers ces rencontres, mes propres idées et perceptions se trouvent bouleversées, transformées et enrichies. » Sarajevo évoque le conflit terrible qui a déchiré les Balkans dans les années 90.

John Psathas : Sleeper (2007)
En 2004, John Psathas a touché le plus grand audimat jamais réussi par un compositeur néo-zélandais quand des billions de gens du monde entier ont entendu ses orchestrations de fanfares et divers pièces pour les cérémonies d’ouverture et de fermeture des Jeux Olympiques d’Athènes. Sa musique a atteint un niveau de succès sans précédent dans l’histoire de la Nouvelle-Zélande. Il est même considéré comme l’un des trois compositeurs vivants les plus importants de la diaspora grecque.
No Man’s Land, son projet audacieux le plus récent a cassé les normes généralement attendues pour une commémoration de la première guerre mondiale tout en filmant et intégrant 150 musiciens de 25 pays.
Sleeper (qui peut vouloir dire en anglais un être ou une œuvre qui dort, un wagon-lit ou une traverse) est dédié « à la mémoire du jeune Fergus Schulz, voyageur intrépide, encore sur les routes… »
Fils d’immigrés grecs, John Psathas est né en 1966 et a grandi à Taumarunui et à Napier.
« Quand j’écris de la musique, j’ai moins l’impression d’inventer quelque chose que de trouver quelque chose à l’extrême périphérie de ce que je connais. C’est comme une vision au coin de l’œil –alors qu’en fait il n’y a rien encore– ou plutôt c’est en me retournant pour la regarder, qu’elle cesse d’exister. Il s’agit d’être conscient de sa vision périphérique tout en regardant droit devant, en essayant de déchiffrer, sans regarder, la vraie nature de ce qui est en train de se présenter. Ce n’est que comme ça que l’on peut trouver la chose juste pour tout moment donné d’une partition musicale.