BONNIN Philippe •


Philippe Bonnin

Architecte – anthropologue

Né le 3 septembre 1950. Architecte DPLG et anthropologue français, directeur de recherches émérite au CNRS et fondateur du Réseau thématique international JAPARCHI du ministère de la Culture
Philippe Bonnin a de multiples facettes à l’interface du scientifique et de l’artistique. Architecte, il est devenu directeur de recherches au CNRS où il a développé l’anthropologie de l’espace. Lauréat de la Villa Kujōyama (Kyoto, 1999), il est spécialiste du Japon, auquel il a consacré plusieurs ouvrages — sa spatialité, ses jardins, les seuils — aussi bien théoriques que poétiques, distingués de prix littéraires et couronnés par l’Académie d’Architecture.
Simultanément, il travaille avec une équipe de physiciens à la recherche d’un modèle singulier : le processus de création de cette forme magnifique et diverse qu’ont adopté les plans des villes, quel que soit le siècle, quelle que soit la contrée, et qui fascine depuis si longtemps. Il y a développé une expérimentation particulière : provoquer la dessiccation de couches minces d’argile très pure qu’il observe soigneusement et filme durant cinq à dix jours, à la recherche des paramètres qui génèrent les formes que nous connaissons. Puis d’en analyser précisément la topologie à l’aide de la théorie des graphes.
Il apprivoise peu à peu cette morphogenèse, jouant des matières, des supports, des multiples contraintes, des gradients qui la gouvernent.
La trace fragile que laisse ce processus sur le fond raconte l’intense combat que se livrent les puissantes forces enfouies de la matière, prenant des formes surprenantes qui parlent directement à notre imaginaire poétique et plastique.

« Faire émerger de la terre les tensions enfouies qui vont lui donner forme, qui vont dessiner un réseau de cracks !
Au sein de ces minces couches d’argiles (Montmorillonites, illites…), apparaît un graphe de fêlures, de déchirures, qui condense toute l’histoire complexe de la résolution des puissantes forces nées sous l’effet de la dessiccation, et qui ne doit rien au hasard. Nous ne gardons ici que la seule trace engendrée sur la plaque de verre, image étrange, aux suggestions biologiques, animales aussi bien que végétales ou minérales, imprimée sur le verre, sous la mosaïque finale. Elle résume le long scénario qui lui a donné naissance, pas à pas. Par sa forme, le réseau de veines raconte une aventure topologique guidée par les choix initiaux. Il suit des règles de composition qu’il faut apprendre à lire. Ce que la théorie mathématique des graphes nomme des réseaux hiérarchiques, et que l’on retrouve dans d’autres règnes naturels, dans de multiples formes générées par des systèmes vivants : feuilles d’arbres, faïençages des émaux, organisation de tissus cellulaires, plans de nos cités… toutes formes qui nous fascinent parce qu’apparemment complexes, elles obéissent pourtant à des lois simples que devine notre œil. » Philippe Bonnin


Cette personnalité scientifique a participé au 19PaulFort à :

> L’exposition « Au delà de ce que l’œil voit » du mardi 6 septembre au samedi 24 septembre 2022