Exposition – « Hier, maintenant… » : Elisabeth Raphaël, Xavier Lambours, Annie Zadek [mars-Avril 2015] –

Exposition « Hier, maintenant… »

Elisabeth Raphaël

Sculpteur, céramiste

Xavier Lambours

Photographe

Annie Zadek

Écrivain

du mardi 24 mars au samedi 4 avril 2015

« Trois artistes posent des questions ».

Elisabeth Raphael (céramiste) s’exprime à travers ses sculptures et installations. Ce sont des « formes survivantes » d’une humanité blessée, porteuses à ce titre d’une force politique relative à notre passé, à notre présent et donc à notre futur. « Au mois d’août 2013, je réalisai une première pièce qui m’apparut étrange, noire, résolument noire et presque figurative : une forme sphérique, une tête sans nez, sans yeux, sans oreilles, dépourvue de traits. Une tête noire dont l’unique expression était une bouche, criant ou chantant ? Je ne le savais pas. Très vite il m’est apparu que cette bouche chantait malgré toutes les souffrances venues des ténèbres de notre histoire et de ma propre histoire. Ce même été, une amie était rentrée d’un voyage à Berlin : « Il faut que je te raconte, m’avait-elle dit, tu vas peut-être m’expliquer pourquoi le guide, qui nous avait amenés sur le quai d’où partaient les convois vers Auschwitz, semblait bouleversé, presque heureux paradoxalement, lorsqu’il nous dit que le dernier wagon, alors que tous les autres étaient partis bondés de ce quartier résidentiel de la capitale allemande, ce dernier wagon, répéta-t-il, ne comptait que dix-huit personnes ». Ce récit bouleversant m’enchanta, comme il avait ravi ce guide berlinois. Dix-huit est la valeur numérique du mot חי (Haï) qui signifie « la vie » en hébreu. Ces dix-huit sacrifiés sur l’hôtel de la barbarie humaine n’étaient-ils pas une promesse de vie ? Le signe tangible que la destruction n’est pas disparition. « Ils auront beau nous tuer, nous resterons porteurs du message de la fraternité. »(Bruno Durocher, poète). Le récit de ce guide berlinois, petit-fils de déportés, trouvait une surprenante résonance avec cette forme noire qui semblait chanter la vie au milieu de la nuit. »

Annie Zadek (écrivain) pose dans son livre « Nécessaire et urgent » 524 questions- sans réponse- « 
sous cette forme de litanie de questions, se dessine en creux l’épouvante de la solution finale durant la Seconde Guerre mondiale. « Pourquoi sont-ils restés sur place ? Pourquoi ne sont-ils pas partis ? » (…) Étions-nous même seulement nés ? Qui aurait pu nous en parler ? » C’est payer redevance à des fantômes, recouvrir par des mots l’absence à jamais, au fil d’un vocero aux fins collectives qui serre déjà le cœur à la seule lecture. »
« Comment parler de ce qui ne peut être dit ? La question, c’est l’holocauste juif, mais c’est aussi la littérature elle-même. » (Paul Auster).
Dans le dernier chapitre du livre, la parole se tourne vers le présent, ce temps qui est celui qui importe le plus à l’auteur, porte ouverte sur l’à-venir. Annie Zadek donnera deux lectures de son livre « Nécessaire et urgent » (durée : 35mn) -jeudi 26 mars 20h -mercredi 1er avril 20h

Xavier Lambours (photographe) s’immerge dans ses archives. Il exhume des portraits, plusieurs de disparus (certains tragiquement récemment). « Son regard, à l’affut, ne cesse d’interroger les stéréotypes et les pseudo-évidences de notre société, que ce soit pour débusquer la personne derrière le personnage – François Mitterrand,… – ou pour cerner au plus près des visages anonymes. Ses photographies dressent le portrait d’un monde auquel il convient de se confronter « autrement ».
Jean Luc Monterosso

Une bande sonore d’Emmanuel Birnbaum accompagne l’exposition. Elisabeth Raphaël et Annie Zadek ont travaillé ensemble spécialement pour l’exposition. Elisabeth a cuit 18 plaques de porcelaine sur lesquelles Annie a écrit son texte.


Photos

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