Concert – « Musique et poésie » Florence Millet joue François Nicolas [Mars 2012] –

Musique et poésie

Florence Millet joue François Nicolas

Mars 2012

Un concert, moment arraché au quotidien par la musique pour nous faire entendre les dialogues qu’elle noue entre des œuvres, par-delà leurs époques et leurs styles : ce soir le croisement de deux toccatas contemporaines (Caténaire de Carter – ma Toccata, ici présentée en sa version succincte native), les échos d’un trio aux deux extrémités du xx° siècle (Contrastes de Bartok – mon trio Transfiguration qui s’élance en citant le précédent), une fraternité d’esprit plus vaste (cet esprit schumanien dont l’humour chaleureux rapproche les distances ironiquement creusées par le romantisme, ces bourrasques d’humeur franchissant le tournant Schoenberg).

Un concert, moment où s’éprouve qu’un tel colloque musical irradie au-delà du monde-musique. Qui ne sait l’inspiration qu’un art prélève chez un autre pour mieux approfondir sa propre expiration ? Appelons « prière réciproque » cette manière qu’ont musique et poésie de s’adresser l’une à l’autre, sollicitant une réponse qui ne vient jamais qu’à contretemps s’il est vrai que leurs temps restent hétérogènes, la poésie, tout comme la musique, s’attachant à enchevêtrer, à ses propres fins, œuvres d’époques et langues lointaines.

Ce soir, la poésie circulera, entre matérialité sonore (inhérente au poème lu) et matière signifiante, du provençal secret et replié sur soi du XII° (Arnaud Daniel), de l’allemand régulièrement scandé (Heinrich Heine) et de l’anglais « abruptement » rythmé (Gerard Manley Hopkins) du XIX°, jusqu’à ce français d’une étrange familiarité qui s’attache au xx° siècle de Jules Supervielle.

Musique et poésie, temps et contretemps, hétérophonie de phrasés et échos de sens, bouche à bouche des souffles entrecroisés : la chance d’une rencontre amoureuse au risque du corps des interprètes qui la portent pour nous auditeurs, et la grâce de quelque croisée entrouverte sur une éternité à portée d’oreille qui vient agrandir nos mondes ordinaires d’une pincée de temps.

 François Nicolas

“Elle est une musicienne subtile et remarquable”. “ Son phrasé est celui d’un chanteur, de longues lignes qui ne sont pas à l’étroit des barres de mesure… »

Washington Post


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