Prochaine exposition :
« Le temps des moissons »
du mardi 29 octobre
au dimanche 16 novembre 2019
tous les jours de 16h à 21h
Un rituel ancestral, un lien vital
Les évolutions technologiques n’ont pas brisé le lien vital et ancestral qui unit population agricole et population citadine quand vient l’heure tant attendue des moissons.
Keka Ruiz-Tagle est une céramiste qui vit et travaille au Chili. Elle rend hommage aux divinités andines. Keka réinterprète la nature, les cultures autochtones et les vestiges historiques. Elle a commencé à mélanger au fil des années l´argile avec différents matériaux, comme les chaumes qui jonchent les champs après les moissons.
Dan Hayon est un photographe qui, au détour d’un chemin, s’est égaré, il y a plusieurs années, dans une ferme de la profonde campagne française. Saison après saison, il y est retourné et a fixé ces atmosphères, ce qu’il reste après les moissons…
Sont également exposées les vanneries de Takayuki Shimizu, et des parures végétales de Maori.
Llamayu, le temps des moissons, le temps où… le soleil est au plus près de la terre. Le temps où… l’on célèbre sa fête Inti Raymi, qui est de toutes, la plus grande manifestation de la mémoire et de l’identité andine. Elle se déroule pendant et après le solstice d’hiver, pleine d´expressions chargées de symbolisme ancestral.
Llamayu, le temps des moissons, le temps où… l’on remercie et rend hommage à la Pachamama, la Terre-Mère pour les récoltes reçues et l´épanouissement de ses fruits. Le temps où… les chamanes purifient et renouvellent les énergies.
Le temps des moissons, c’est le temps où…l’on exprime sa gratitude pour l’interrelation entre l’homme et le créateur.
Temps des moissons… où… l’on traverse le pont pour tout recommencer.
Keka Ruiz-Tagle
After the harvest
Pendant les vacances, il y a 19 ans, nous nous sommes perdus sur une départementale dans le Gard et Garonne. C’était juste après la période des moissons. Comme il était déjà très tard, nous avons cherché un endroit pour passer une nuit et reprendre la route le lendemain. Un petit panneau, à peine visible entre les arbres au bord de la route, annonçait en lettres rouges peintes à la main « Chambres à la ferme ». J’ai suivi la direction indiquée et je me suis enfoncé dans la forêt, sur un sentier étroit de terre battue.
Après quelques kilomètres, nous sommes arrivés, ma femme et moi, devant la porte d’un grand bâtiment, austère et décrépi où nous attendait un vieux monsieur qui, selon son bleu de travail, devait être le fermier. Nous nous sommes présentés. En entrant dans le hall à peine éclairé par quelques ampoules moribondes, nous avons vu au dessus des marches un blason aussi décoloré que ses vêtements, les murs ou les miroirs. Ce sont « Les armoiries de sa famille » nous a-t-il expliqué – car son nom était Gaëtan de Falguerolles et il était né là, il y a 70 ans, dans cette maison, un ancien monastère cistercien. Eh oui, il était agriculteur, un vrai de vrai, et sa passion consistait à dresser l’arbre généalogique de sa famille. Il louait d’habitude deux, trois chambres (aussi délabrées que le reste de la maison), mais ce soir-là, à part nous, il n’y avait personne. Le lendemain nous avons pris le petit déjeuner, simple et modeste, sur la terrasse qui cachait la piscine dans laquelle les moines élevaient leurs poissons. Puis, avant que nous reprenions la route, Gaëtan nous a fait faire un petit tour de la ferme et nous avons découvert les dizaines de tracteurs et autres machines agricoles, complètement rouillés et éparpillés partout sous les arbres, les vestiges de ces années de travail de la terre, de ces moissons plus ou moins florissantes…Il y avait aussi Léon le vieux chien, les poules, les chevaux et les autre animaux… Il faisait beau dehors. Et nous avons décidé de rester encore quelques jours. Et encore quelques jours. Et encore quelques jours.
Bref, ce qui devait être une nuit de passage s’est transformée en un long séjour. Et après l’année 2000 nous y sommes allés en 2001, puis 2002 et 2003 et 2004… Et ce qui pouvait être une simple rencontre, est devenue une belle amitié. Aujourd’hui Gaëtan repose pour toujours et il est devenu encore une branche de son cher arbre généalogique. La maison a été vendue, car personne dans la famille n’a voulu la reprendre. Trop de réparations, pas assez de bénéfices, trop difficile le travail de la terre. La maison des Falguerolles, l’ancien monastère, s’appelle aujourd’hui « Le Château ». Les craquelures ont toutes disparu, les murs sont peints et lisses à la perfection.
Dan Hayon
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