LÉANDRE Joëlle •


Joëlle Léandre

Contrebassiste, compositrice, improvisatrice

Née à Aix-en-Provence en 1951. « Joëlle Léandre choisit la voie musicale en la rendant synonyme de labeur quotidien. Fille de cantonnier, elle se définit comme une « ouvrière taoïste », une personne de terrain, préférant le chemin parcouru là où d’autres valorisent la grandeur de l’aboutissement. Au Conservatoire d’Aix, elle étudie le piano puis la contrebasse qu’elle choisit par goût du défi, sa taille d’enfant lui faisant travailler l’instrument juchée sur un tabouret. Elle n’a pas encore dix ans. C’est à cet instrument « totem, non noble » (selon ses propres mots) et grave, qu’elle s’accroche lorsqu’elle quitte le foyer familial à 17 ans pour le Conservatoire de Paris.
Arrivée à Paris en 1968, elle étudie la musique classique, intègre orchestres symphoniques et ensembles contemporains, joue les compositeurs français (Olivier Messiaen, Pierre Boulez, Pierre Henry) et américains (Morton Feldman, John Cage) et se lance dans la composition en 1973.
C’est en fréquentant le Centre Américain de Paris, alors situé boulevard Raspail, que survient une première révélation : un amour pour le jazz et surtout le free jazz. Joëlle Léandre comprend alors qu’elle peut jouer sa propre musique. Elle a 25 ans quand elle reçoit pour une année la Creative Associate of the Arts, Buffalo New-York, une bourse d’étude qui lui permet de s’installer aux États-Unis. C’est l’éclosion de sa carrière de soliste internationale.
À New York, elle « désapprend » l’enseignement classique. Elle travaille avec Morton Feldman, puis rencontre John Cage et le chorégraphe Merce Cuningham. Cage devient son ami et lui dédiera ses œuvres, tout comme Giacinto Scelsi, Philippe Fénelon, Philippe Hersant, Steve Lacy, José Luis Campana, Betsy Jolas, Aldo Clement, qui lui inspirent des envies de pluri-disciplinarité. Théâtre, danse, Léandre est « Affamée » et veut jouer pour les créateurs et créatrices de son époque.
Elle est lauréate de bourses et soutiens à la création, à l’international : de la Villa Médicis hors-les-murs en 1981 au programme DAAD de Berlin en 1990, de la Villa Kujoyama de Kyoto en 1998 jusqu’à l’obtention en 2002, 2004 et 2006 d’une chaire au Mills College, à Oakland en Californie, pour la composition et l’improvisation. En France, elle a été nommée Chevalier de l’Ordre National du Mérite, puis Chevalier des Art et des Lettres en 2017. Joëlle Léandre a reçu en 2019 la distinction « In Honorem » de l’Académie Charles Cros.
En se situant entre l’oralité des musiques afro-américaines, du free jazz en particulier, et les musiques européennes écrites, Léandre invente une langue du présent, évidente et pourtant indéfinissable. Elle cite Michel Foucault et Gilles Deleuze, penseurs excentriques, pour se positionner en marge, en contre-chant des musiques dites « savantes ». Son jeu, qui privilégie l’archet, dénote de celui en pizzicato plus courant chez les contrebassistes, et ses collaborations avec la danse contemporaine (chez Dominique Boivin, Mathilde Monnier, Elsa Wolliaston, Josef Nadj) lui font transcender les genres.
Délibérément politique, Léandre interroge et condamne la trop faible place des femmes dans une famille musicale dominée par les hommes. Les projets Les Trois Dames, avec Annick Nozati et Irene Schweizer puis Les Diaboliques avec Maggie Nicols, Tiger trio avec Myra Melford et Nicole Mitchell, son duo avec Lauren Newton, lui font placer ce sujet sur le devant de la scène dès le début des années 1980. L’album Sisters, Where?, sorti en 2014, est un cri de ralliement des musiciennes internationales.
Elle s’exprime cependant à voix basse, avec pudeur, sur le sujet de la spiritualité. Celle-ci transparaît pourtant dans une œuvre prônant prises de risque et lâcher prise inhérents à l’improvisation. Plus tu as la tête vide et plus l’improvisation sera réussie (…) Au fond, ces  improvisations naissent et meurent, ce sont sans arrêt des petites morts et renaissances2. C’est sans doute pour cette raison que Nicole Mitchell a dit d’elle : L’écouter c’est être plus vivant ! ».


Cette artiste a participé rue Paul Fort à :

Un concert en trio avec François Houle (clarinette) et Mark Sanders (batterie) le 2 mai 2023.
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Un concert en trio avec Gerald Cleaver (batterie) et Mat Maneri (violon/alto), le 25 janvier 2020
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Un concert du Tiger Trio, avec Nicole Mitchell (flûte) et Myra Melford (piano), le 12 novembre 2018
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Un concert en duo avec le guitariste Marc Ducret, le 13 mai 2018
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Un concert en duo avec le trompettiste et vocaliste Phil Minton, le 8 octobre 2016
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Un concert en duo avec l’accordéoniste Pascal Contet, le 25 juin 2014
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Un concert en trio avec le pianiste Benoît Delbecq et le clarinettiste François Houle le 24 novembre 2013
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Un concert en duo avec le guitariste Serge Teyssot-Gay, le 12 mai 2013
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Un concert en duo avec le clarinettiste François Houle, le 20 avril 2012
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Un concert en duo avec la vocaliste Lauren Newton, le 19 novembre 2011.
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Un concert solo le 25 septembre 2011.
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